mardi 30 juin 2009

Hyperréalisme la sculpture contemporaine:

Hiperrealismos escultóricos contemporáneos :

l'image et la réalité

imagen y realidad


Article écrit par

Ara Ana Fernandez

de

l'Université de Zaragoza

publié

pour le Congrès International

Image et Apparence

Du 19 au 21novembre 2008

( traduit de l'espagnol )




I think one's sense of appearance is assaulted all the
time by photography and by film. So that, when one looks at
something, one's not only looking at it directly but one's also
looking at it through the assault that has already been made
on one by photography and film.
Francis bacon


Introduction
Si nous essayons de chercher, en ce début de XXI siècle, une dominante dans la création actuelle, c'est le caractère critique qui semble prédominer dans le corpus

artistique contemporain. Les guerres, les inégalités sociales, la faim, le changement climatique, le terrorisme, etc. sont quelques-unes des choses sur lesquelles les artistes centrent leurs attentions. Ils réfléchissent et créent,avec l'intention de frapper la conscience du spectateur et la société en général.

Dans cet article, j'essaye d'aborder certaines des œuvres qui par leur style très réaliste réussissent à éveiller nos consciences et nous font réfléchir au-delà de ce que nous donne l'œuvre d'art elle-même!
Je veux parler des sculptures hyperréalistes représentant des formes humaines d'artistes comme Evan Penny, ou Ron Mueck, qu'ils réalisent en utilisant différents matériaux afin d'obtenir un aspect et un rendu très réel comme les sculptures humaines qui pullulent dans les lieux les plus touristiques de certaines de nos villes



Grâce à leur contemplation, le spectateur est confronté à son propre monde et une catharsis s'opère qui l'amène, en premier lieu, à examiner avec admiration
les œuvres d'art qui semblent vouloir quitter leur propre condition, puis à faire face avec des objets d'une grande ressemblance avec eux-mêmes. La pièce sculpturale devient le reflet et l'image réelle du monde contemporain, et permet d'analyser et de comprendre le fonctionnement de la société.

Une dialectique entre l'artificiel et le réel

La figure humaine est le champ d'expérimentation de toutes et de chacune des oeuvres hyperréalistes que nous allons étudier au long de cette article. Le principal objectif de l'artiste est, par conséquent, la réalisation d'œuvres sculpturales voulant se rapprocher au plus près du monde réel en utilisant, pour cela , toutes sortes de matériaux tels que le silicium, de fibres de verre, des produits naturels, crin de cheval, polychlorure de vinyle, acrylique, etc.
Ils réussissent grâce à une technique méticuleuse à créer des pièces d'une facture presque aussi réaliste que la propre chair. Parfois, les œuvres sont réalisées avec des moulages pris directement à partir de corps humains.
L'artiste utilise de la même façon toutes sortes d'accessoires tels que vêtements, chaussures, boucles d'oreilles, sacs, etc., qui traduisent le goût d'une époque et qui contribuent à une plus grande similitude avec le monde réel, qu'il vise à reproduire. Dans quelques cas, les figures apparaissent disposées dans des scènes réelles, entourées d'objets de la vie quotidienne.
Comme résultat surgisse une série d'œuvres pleines de questionnements (s’agit-il réellement de sculptures ?, de cadavres d'hommes disséqués?, respirent-elles encore?, -nous regardent-elle? Sont-elles des images pétrifiés prises lors d'une performance, d'un happening ou pendant un événement du mouvement Body Art reproduit dans les livres d'art illustrés où l'artiste devient photographe et pétrifie l'œuvre dans l'instant choisi par lui.)
Grâce à cette maîtrise technique, quelques-uns des artistes que nous analyserons ensuite osent reproduire sans idéalisme, des situations réelles des classes défavorisées de la société.
D'un autre coté, le spectateur sent en lui un fort désir de les toucher pour vérifier
qu'ils ne sont pas réels mais cela génère dans certains cas des appréhensions face à ces choses aux réalismes exacerbés.
Ce sont, dans les lignes générales, les traits principaux qui caractérisent les œuvres
hyperréalisme, chaque artiste ayant des spécificités que nous analyserons ensuite.

Les substituts de la réalité

Les premiers artistes


Le courant hyperréaliste est apparu aux États-Unis dans les années 1960
avec un artiste comme John de Andrea, qui est considéré comme le père de cette tendance artistique. Il a mis l'accent sur les aspects triviaux de la société de consommation. Il en résulte qu'il a été rattaché à l'American Pop Art.
A l'inverse des propositions défendues par l'art conceptuel, les artistes
hyperréalistes ont voulu traduire le monde réel et ils l'ont vu comme un subterfuge amenant le spectateur à se questionner sur sa propre existence.
Ce sont trois artistes que nous allons examiner qui sont initiateurs de ce style artistique, même si chacun a des spécificités qui le rende facilement reconnaissable. Tous sont d'origine américaine.
George Segal (1924-2000) est considéré comme un artiste faisant partie de la mouvance Pop Art qui défini son style depuis la fin des
1960, mais bientôt, il s’écarte, rejetant la logique quelque peu commerciale de cette tendance.(Hunter, 1989: p. 8).
Sa mention dans la présente étude est cependant justifié car il reste un des pionniers de ce mouvement, même s'il est vrai que son style n’entretient pas une correspondance avec le langage hyperréaliste traité ici, car il n’a pas chercher à personnaliser les figures, supprimant même de leurs visages toutes formes d’expressivité.
Sa production est caractérisée par la création de stéréotypes de la classe moyenne et des American victims, sans aucune intention critique, portant seulement une réflexion et une introspection sur l'espèce humaine.
My biggest job is to select and freeze the gestures that are most telling so that if
Im successful...I hope for a revelation, a perception...I tray to capture a subjets
gravity and dignity...Im dependent on the sitters human spirit to achive total
effectiveness
George Segal
(Gruen, 1964: 32).

Pour le critique d'art Edward Lucie-Smith, à la suite des travaux de Segal, du
milieu à la fin des années soixante, il était possible d'avancer dans deux directions
complètement opposée: la direction prise par George Segal, plus liées à la notion traditionnelle de la sculpture et celle choisie par quelques sculpteurs hyperréaliste (Lucie-Smith, 1983: 222), comme pour Duane Hanson et John De Andrea, qui au début des années 1970, ont montré de substantielles différences avec sa démarche.
Duane Hanson (1925-1996) comme Segal ont choisi leur répertoire iconographique dans les classes moyennes et inférieures de la société américaine, insistant sur la banalité et le quotidien de la classe ouvrière, en standardisant ironiquement la vie sociale plaçant le spectateur dans un sentiment de solitude et de compassion pour les figures représentées.
Hanson ne s’intéressait pas à l'idéal de beauté classique, mais aux corps et aux visages qui souffrent. Son répertoire iconographique se concentre sur la création d’archétypes de leur environnement social comme les retraités, les femmes au foyer, les touristes, les sportifs, etc.




« Tourists » (1970) a été, sans doute, le travail par lequel Hanson a été connu et
reconnu. Deux figures de l'âge avancé, un homme et une femme, parés des attributs caractéristiques des touristes (appareil photo, caméra vidéo, lunettes de soleil, aux Bermudes, etc.), contemplent avec une certaine indifférence un monument imaginaire qui se trouve devant eux (Figure 1).
D’une réalité plus crue, cet autre oeuvre, Drug Addict (1975), qui montre un jeune homme rendu inconscient par les effets dévastateurs de la drogue.
Dans chacune de ces œuvres et en reprenant les mots du critique d’art Joseph Lebrero Stäls: - Sans attributs et sans verbe, ces substituts de la réalité proposent un commentaire sociologique ironique et critique de la société, montrant le vide et le malheur de l'existence de la grande communauté des humains qui peuplent les villes modernes du monde entier (Lebrero, 1998: 30-31).
A la recherche de la beauté idéale, la production de John DE ANDREA (1941), le père de l'Hyperréalisme, porte en revanche son répertoire d'images sur la reproduction fidèle du corps du nu féminin, en recourant à de véritables modèles et en accordant une attention particulière à la finition des œuvres dans laquelle il insère des cheveux naturels (figure 2)।


Avec cette forme de représentation, il prétend capturer la beauté, toujours jeune, sans les stigmates de son passage dans le temps.
Néanmoins, dans certaines de ses oeuvres composées de deux personnages, on ressent une forme de tristesse et une sensation de solitude qui est accentué par l’absence de relation par le regard entre les deux modèles représentés.


La deuxième grande vague d'hyperréaliste

Les protagonistes et leurs œuvres


Sans aucun doute, le sculpteur Ron Mueck (1958) est le plus important
cette deuxième vague d'artistes hyperréalistes.
Né en Australie, il a établi sa résidence à Londres en 1986 et après avoir travaillé dans l’industrie des effets spéciaux, il a décidé de laisser libre cours à son dessein artistique en mettant à profit ces compétences acquises.
Mueck réalise des figures humaines qu’il reproduit sans jamais respecter les dimensions naturelles. Il agrandit ou il diminue, ce qui lui sert à attirer l'attention du spectateur, qui aura tendance à considérer le détail face à l’ampleur d’une oeuvre, ou au contraire a percevoir l'ensemble dans seul coup d’oeil pour une œuvre plus petite. Il ne veut pas non plus travailler avec des modèles vivants.
Je n'ai jamais fait de figure à taille réelle car cela ne m’a jamais semblé intéressant. Tous les jours, nous voyons des gens de grandeur naturelle.
(http://www.titerenet.com/2007/03/27/como-construye-sus-figuras-ron-mueck/)
L'utilisation du silicone comme matériel sculptural lui sert à reproduire la peau
de l'homme dans lequel, il ajoute, un par un, les filaments qui simulent les cheveux.
Dans certains cas, il reproduit des scènes qui, si elle était réelle, mettraient à l’épreuve la pudeur des spectateurs, c’est le cas de la figure nue d'une femme enceinte ou celle d'un enfant juste né. Toutefois, comme ce ne sont que des sculptures, le spectateur les observe avec une curiosité un peu malsaine.
Pour Ron Mueck, la sculpture doit être un peu plus qu’une chose agréable à regarder, de belle composition, proportion, texture, de relations spatiales et de mouvement. En travaillant et en réalisant ces figures de travailleurs, femmes au foyer, j’acquière pour eux plus de sympathie et d'affection. Le rêve américain ne s’est pas réalisé pour ces personnes, remarque-t-il dans (Real, Really Real, superrealist, 1981: 160).
Dans quelques unes de ces premières oeuvres plus violentes, il critiquait la Guerre du Vietnam et adoptant un ton plus satirique, le corps était représenté nu et sans concession, il y traduisait la fragilité de la peau et la preuve du passage du temps। C’est le cas de son œuvre mythique Dead Dad (1997), une représentation de son père mort en silicone et acrylique (Figure 3)


ou de la série de femmes, Old Woman in bed(2000), femme enceinte (2002) et de la mère et enfant (2001) qui joue avec le cordon ombilical du bébé par encore coupé, ou Spooning couple (2005), toute une série de figures dotées de sentiments déchirants.
Evan PENNY (1953), né en Afrique du Sud et citoyen canadien, a été
fortement influencé par le travail de Mueck dans son désir de recherche de la perfection grâce au soin apporté au traitement de la peau, des cheveux, ou dans le choix des vêtements de ses personnages। Comme lui, il ne respecte pas la taille des figures, elles peuvent doubler ou diminuer de taille, il ne recherche pas non plus la beauté corporelle (figure 4).



L'originalité de son style réside dans l'utilisation de la photo qu’il déforme avec l'intention de dénaturer ces figures et pour donner à celle-ci des formes diffuses, allongées ou exagérées. C’est encore un pas vers une ambivalence, Réel irréel.
Pour l'artiste, l’intérêt est de situer la perception des sculptures comme l’observation dans le réel de "l'autre" et la possibilité de l’imaginer aussi comme représentation photographique. L'intention consiste en ce que le travail est replacé dans un contexte dans lequel la sculpture et les photographies se confondent entre-elles et d’en proposer ainsi de nouvelles lectures (Nairn, Howgate, 2006: 102).
L'oeuvre de l’italien Maurizio Cattelan (1960) se situe avec des prétentions artistiques totalement opposées. Sa production est axée sur la critique du monde de l'art, de la politique, des hiérarchies sociales, les intérêts économiques qui commandent la vie contemporaine, etc…, transgresser avec une certaines acidité les symboles de la société contemporaine. Ce qu’il a fait dans La Nona Ora (1999) en montrant la figure du Pape
Jean-Paul II tombé à terre sous le poids d'une énorme météorite ou Frank & Jaime
(2002) où il nous présente deux agents de police dans une situation un peu ridicule (FIGURE 5).
Parfois, cette hardiesse a contribué à lever des polémiques au sujet de quelques unes de ses œuvres, cela a été le cas lors de la première biennale internationale d'art Contemporain de Séville (2004) qui montre, sans honte, un enfant
accroché à un poteau.

CONCLUSION

Ainsi fini cette approche de la figure par quelques-uns des sculpteurs hyperréalistes les plus intéressants du moment, non sans omettre qu'ils ne sont pas les seuls à tenir compte de la réalité comme moyen d'expression, c'est le cas du français Patrice Annic (1957), fortement influencé par le travail de Duane Hanson, le tchèque Richard Stipl (1968),avec des oeuvres de taille très réduite, l'américain John Ahearn (1951) ou le portoricain Rigoberto Torres (1960).

Tous ces artistes visent à reproduire avec le plus de fidélité possible la nature humaine, avec des particularités personnelles liées surtout aux choix qu'ils font des modèles et des thèmes qu'ils veulent représenter et mettre en avant.
Il semble singulier d’observer comment plusieurs d'entre eux se sont préoccupés à diverses occasions de réaliser leur propre autoportrait, c'est le cas de Ron Mueck
( Mask), d'Evan Penny, de Richard Stipl (Self portrait) ou d’autres, qui ont utilisé leurs qualités artistiques pour se représenter en montrant défauts ou vertus et en exposant leur personnalité à travers des grimaces ou leur propre regard.
Une réalité et une irréalité se combinent ainsi dans ce type d'oeuvres qui suscite intérêt et curiosité chez le spectateur qui admire l'indéniable perfection technique et mettant en question la véritable réalité de la nature humaine.




Figure 1. Duane HANSON, Tourists (1970)
http://www.saatchi-gallery.co.uk/artists/artpages/duane_hanson_tourists_2.htm

Figure 2. John DE ANDREA, Reclining woman (1970)
http://www.davidbermantfoundation.org/files/thumbs/DAndrea-reclining.jpg

Figure 3. Ron MUECK, Dead Dad (1997)
http://www.artmolds.com/images/wpe19.jpg

Figure 4. Evan PENNY, Ali (1984)
http://www.evanpenny.com/slide_ali.php?slide=2

Figure 5. Maurizio CATTELAN, Frank & Jaime (2002)
http://www.postmedia.net/cattelan/cattelan0.htm

Bibliographie

DE ANDREA, John (1974), John de Andrea, Duane Hanson: The Real and Ideal in
figurative Sculpture, Museum of Contemporary Art, Chicago.

GRUEN, John (1964), “Art: A Quiet Enviroment for frozen friendo”, New York Herald
Tribune, p. 32, en LIPPARD, Lucy R. (1966), Pop Art, Thames and Hudson, Londres,
p. 102.
HUNTER, Sam (1989), George Segal, Rizzoli, Nueva York.

LEBRERO STÄLS, José (1998), Artificial. Figuras contemporáneas, Museu dArt
Contemporani de Barcelona, Barcelona.

LINDEY, Christine (1980), Superrealist, painting & sculpture, William Morrow and
Company, Nueva York.

LUCIE–SMITH, Edward (1983), El arte de hoy. Del Expresionismo abstracto al Nuevo
Realismo, Cátedra, Madrid.
(1999), “Realism in America”, en Artoday, Phaidon Press, Londres.
Real, Really Real, Superreal (1981), San Antonio Museum of Art, Texas.

RODRÍGUEZ, Begoña (2006), “La realidad y sus excesos”, Lápiz, nº 224, Madrid, pp.
28–45.

WEB
Sobre Ron Mueck:
http://www.titerenet.com/2007/03/27/como-construye-sus-figuras-ron-mueck/

Para conocer el proceso creativo de Ron Mueck, véase:
http://www.enfocarte.com/7.31/mueck/mueck.html

Sobre Evan Penny:
http://www.evanpenny.com/home.php

Sobre Richard Stipl:
http://www.richardstipl.com

Éditeurs:

Universidad de Murcia,

Servicio de Publicaciones

Année de publication: 2009

Pays: España

Langue: Espagnol